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Infraverbal et verbal pour communiquer avec l’enfant autiste

La première chose qui frappe chez l’enfant autiste est l’impossibilité d’entrer naturellement en communication avec lui. Très vite aussi, il apparait qu’il souffre d’un trouble grave de la personnalité. Pour mieux comprendre ce qui réellement soigne ces enfants, la communication doit être privilégiée comme axe de réflexion.

La communication se décompose à deux niveaux, celui du verbal et celui de l’infra verbal. Le verbal est l’information perçue de manière consciente dans l’échange. Maîtrisable, il permet de contrôler directement l’échange. Complémentaire, la communication infra verbale positionne de manière vivante l’interlocuteur dans le temps et l’espace de la rencontre. Elle transmet les codes qui permettent de capter la dimension émotionnelle de la parole. Tous les enfants autistes sont caractérisés par une déficience de l’infra verbal ce qui n’empêche pas certains d’avoir l’usage du verbal. Normalement, la présence d’un interlocuteur est établie par la captation de signaux émis par le regard, la voix et l’ensemble du corps. Ces informations, traitées au niveau infra verbal, sont perçues de manière immédiate par le truchement des cinq sens coordonnés. C’est exactement le processus qui émeut lorsqu’on écoute de la musique ou qui rend sensible à l’esthétique d’une œuvre d’art. L’enfant autiste ne peut en revanche ‘’se brancher’’ ainsi instantanément sur l’autre, car son système perceptif déficient ne capte pas ces signaux. L’infra verbal est une communication corporelle qui mobilise l’intégralité de la personne. Il se met en place dès l’embryogenèse et organise la communication du bébé avant que la parole n’émerge. La construction de l’infra verbal est influencée par des facteurs génétiques, mais elle est surtout sensible au milieu physiologique qui dépend lui-même du contexte relationnel. Pour soigner l’enfant autiste, les méthodes éducatives et pédagogiques travaillent essentiellement au niveau verbal, tandis que les approches corporelles et ludiques, au même titre que les psychothérapies, développent surtout l’infra verbal. Le verbal, soumis aux règles linguistiques, ouvre l’enfant vers l’extérieur en le structurant dans la normalité, alors que l’infra verbal met, par l’implication corporelle, l’enfant en relation avec lui-même et avec l’intime de l’autre. En réalité, les deux niveaux sont indissociables. Plus une technique éducative est appliquée par le soignant avec amour et créativité, plus l’information transmise est liée à l’infra verbal. Pour l’humain, une information est toujours reçue dans un contexte affectif, la répétition n’existe pas car la dimension corporelle modifie constamment le contenu de l’échange : c’est ce « presque pareil » qui construit l’enfant autiste. Il est donc conseillé, avec des méthodes codifiées et rigoureuses, de stimuler l’infra verbal en valorisant les particularités de chacun. Par ailleurs, la subtilité et la complexité de l’infra verbal requièrent une relation avec un thérapeute, dégagée de toute contrainte, où l’enfant mène la danse pour se rencontrer au plus intime : ni passé, ni futur, mais une présence dans l’instantanéité de la séance pour qu’émerge une connivence créative. Le thérapeute doit être dans la perception du corps de l’enfant en restant attentif aux mouvements pour déclencher des processus restés inhibés lors de la vie in utero. Ainsi, l’enfant vit des expériences construisant pas à pas un système perceptif infra verbal qui l’ouvre à lui-même et à l’autre dans la différence. Ces transformations fonctionnent si le thérapeute a la capacité de se représenter, séance après séance et en deçà de la pensée, l’historique du rapport à la réalité de l’enfant autiste. L’efficacité des thérapies d’une part, et des méthodes pédagogique et éducative de l’autre, vient de la combinaison de l’infra verbal et du verbal chez l’adulte soignant. Cette combinaison rend les deux approches structurantes pour l’enfant, il est par conséquent bénéfique de mener en parallèle des prises en charge variées. Si les constructions déclenchées chez l’enfant par la thérapie restent lentes (elles agissent en effet au cœur de la personnalité mobilisée dans sa totalité), les méthodes éducatives, qui travaillent sur des éléments partiels, donnent des résultats plus rapides. Elles créent de premières ouvertures, mais l’enfant est vite limité dans son développement, si un travail thérapeutique en profondeur n’est pas conduit en même temps. Notre devoir est de sortir les enfants autistes de leur enfermement et de souffrances indicibles afin qu’ils tentent de construire une vie affective fondée sur l’autonomie, le désir et la culpabilité. Ceci n’est possible qu’en les pensant acteurs de leur vie capables d’accéder à une intelligence profonde de leur être sans en rester à la simple stimulation de leurs capacités intellectuelles en vue d’une adaptation sociale.

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La communication, cœur de l’évolution du bébé et de l’enfant

Quand vous êtes au théâtre ou au concert, vous êtes dans une attente de plaisir qui vous ouvre à une réception globale. A l’opposé, si vous écoutez quelqu’un vous expliquer la situation économique, vous faites appel en vous à une pensée analytique pour comprendre le contenu de la parole. Il faudrait ce soir que vous soyez dans une réception proche de celle dans une salle de théâtre. Vous allez plus m’écouter qu’écouter ce que je dis. Si vous m’écoutez, vous recevez sans filtrer à travers vos connaissances. Avec cette disposition,  des pensées émergent qui sont la base de la compréhension. Maintenir ces deux niveaux, permet de saisir la totalité d’une conférence comme celle-ci. Ainsi vous vous donnerez une place aussi importante que la mienne car l’échange n’est pas uniquement au niveau du savoir mais aussi de l’être. Ce qui devrait faciliter le débat ensuite.

Pourquoi est-il si naturel de communiquer avec un bébé bien portant ?

 

Du côté du bébé :

« Un bébé bien portant » : paradoxalement on ne dit pas « bien porté » la forme passive mais « bien portant » comme si dans une communication avec un bébé c’est lui qui est moteur, c’est lui qui déclenche la communication et qui la guide, il est « portant » de la communication, de « sa » communication. En même temps comme l’embryon puis le fœtus, le bébé est dépendant de la mère, le bébé doit communiquer pour évoluer et se construire. Il ne peut pas se construire sans la communication, à chaque fois qu’il communique il se construit. Le bébé comme l’enfant cherche toujours à communiquer – même un enfant autiste – quand un bébé ne communique plus, l’erreur vient de l’adulte, le bébé lui est prêt à s’ouvrir si le contexte est favorable.

Du côté de l’adulte :

« Un bébé bien portant » émet une communication que l’adulte est apte à recevoir. Il envoie avec son corps dans sa globalité des signaux recevables par l’adulte. Pour atteindre cette communication, l’adulte doit se mettre dans une certaine disposition qu’il atteint « naturellement ». Dans le sens où le chemin pour s’adapter au bébé se trace seul en soi sans construction préalable, la porte d’entrée est  la communication infra verbale.

Quel est ce mouvement naturel qui est rarement décrit car en deçà de la pensée ?

Je l’ai conceptualisé sous le terme : accordage proximal

L’accordage proximal, AP, s’installe de manière naturelle avec un bébé, il est possible de le favoriser avec des enfants ou des adultes qui ont besoin de soin. L’accordage proximal peut aussi dénouer une relation dans un cadre plus léger comme l’enseignement ou la garde d’enfants.

ACCORDAGE PROXIMAL

Système perceptif

La perception est le système qui met en contact deux individus. L’AP renvoie à une manière particulière de percevoir selon une modélisation du système perceptif composé d’un système perceptif proximal et d’une perception distale.

  • Système perceptif proximal : il s’exerce en continuité et de manière proche comme pour le toucher, le goût et l’odorat mais il existe aussi la vue proximale (vue du début de la vie, contact du regard, vue périphérique) et l’audition proximale (un son qui touche). Il fonctionne toujours avec l’unité et la globalité de la personne.
  • Perception distale : il s’exerce en séquences et de loin, vue distale, audition distale, immédiatement utilisable par la pensée

Lorsque vous êtes en accordage proximal, vous favorisez le système perceptif proximal.

Unité, globalité

L’AP a pour effet d’unifier chacun des deux individus en accord avec le système de communication. L’AP révèle les unités réciproques des individus et agit au niveau global de l’individu. Ainsi paradoxalement c’est en accordage proximal que le bébé découvre les sentiments liés à son identité, alors qu’il est en relation avec sa mère. Cette situation où la relation est intriquée aux sentiments d’identité, est à l’origine de l’altérité et de l’attachement.

Espace-temps

C’est le bébé qui amène l’adulte en accordage proximal et qui guide l’adulte dans l’évolution de l’interaction. A partir du moment où la communication qui a été initiée par le bébé, s’installe, le bébé et l’adulte ne sont pas dans un échange linéaire avec un début et une fin, et avec des questions-réponses. La réception et l’émission sont concomitantes. Vous êtes dans une danse hors temps.  En communication avec un bébé vous êtes proche de cet état du fœtus dans le ventre de la mère qui est toujours en mouvement et qui ne connait pas un repère orthonormé et un temps linéaire. Pour approcher ce que vit un bébé, il faut quitter ces repères familiers.

Evolution

Un individu ne peut se transformer que s’il est en AP. Cela signifie que l’on ne peut évoluer qu’en relation avec quelqu’un et avec un fonctionnement important du système perceptif proximal. A partir du moment où le bébé est en relation – en accordage proximal – il se construit. En AP, le bébé est entièrement lui, les évolutions sont toujours prises dans une globalité.

Disposition corporelle de l’adulte

L’AP peut être rapproché de l’état d’être enceinte où on est là pour le futur bébé, on est plus dans une réception  qu’un désir de dire.

  • Le guide n’est pas la tête mais la globalité du corps avec un centre bien stable et de bonne limite. La position assise est plus appropriée au proximal qu’au distal auquel correspond la position verticale.
  • Pour faciliter cette résonnance, il faut une disposition corporelle de lâcher prise sur l’ensemble du corps, la respiration par son ampleur et sa souplesse, favorise la détente.
  • Il faut donc favoriser l’exercice du système perceptif proximal : Parler lentement et doucement pour favoriser un ancrage dans le corps et mieux unifier la voix avec le corps, sons proximaux, contact du regard.
  • La perception est plus sensuelle et émotionnelle.
  • Il faut favoriser le toucher, l’odorat et le goût : toucher en rythme le bébé.
  • La communication infra verbale qui est basée sur des signaux électromagnétiques et acoustiques en deçà de l’audible et du visible, construit l’interaction sans avoir besoin de la penser volontairement. Exemple : vous parlez doucement ou vous bercez le bébé qui reçoit avec satisfaction votre initiative. En réalité, à ce niveau, il a initié chez vous ce comportement.

La pensée de l’adulte

L’adulte doit se dépouiller d’une pensée trop réflexive qui est là pour se protéger mais qui n’est pas au service de la communication avec l’autre. C’est une pensée trop riche en fantasmes et en émotion.

Il faut aussi savoir que le modèle de pensée dans lequel l’adulte s’inscrit ne sert pas directement à l’enfant. Il permet à l’adulte de se structurer et d’organiser la relation pour offrir à l’enfant une cohérence, l’enfant lui capte seulement les effets de l’organisation obtenue par la pensée.

L’adulte ne doit pas chercher à comprendre volontairement l’intériorité du bébé, ses désirs, ses représentations, ses affects puisque le bébé n’a pas atteint ce niveau de développement.

Pour être en communication avec un bébé, l’adulte doit utiliser seulement les processus matures chez le bébé donc il faut penser la communication au niveau du corps. Il faut laisser venir une pensée qui est nourrie par l’accordage proximal. Elle doit émerger malgré soi, elle est le résultat de la rencontre pour laquelle on a posé un cadre qui est l’AP.

 

Pourquoi à l’inverse est-il si compliqué de rester en communication avec un bébé qui souffre ?

 

Un bébé qui souffre a une atteinte physiologique ou psychique qui empêche la globalité de l’être. Une partie de lui n’est plus en cohérence avec l’ensemble, ne fonctionne plus avec l’ensemble. La souffrance avec le symptôme (physiologique ou psychique) est due à un non sens par rapport à l’ensemble. Le bébé est alors dans un état  éparpillé et morcelé, une partie de lui ne peut plus être intégrée.

Cet état attaque la qualité de la communication puisqu’en AP, seule l’unité permet le contact. L’absence de communication en AP augmente le morcellement. Le bébé est dans une spirale d’enfermement et de souffrance.

Le bébé cherche à communiquer mais il attend un contexte pour pouvoir à nouveau être en contact.

Il est possible aussi que le bébé soit disposé à communiquer mais que l’adulte ne parvienne pas à le rejoindre.

L’adulte qui est en attente d’AP où l’on est avec l’autre de manière intense, a un ressenti du vide et d’abandon d’autant plus fort. Il est dans des processus où son être le plus intime est exposé et cette sensation provoque une fermeture où l’adulte perd son unité qui peut se traduire par la mise en place de différents systèmes de défense : confusion, envahissement d’émotions, pensée toute puissante.

L’adulte ne parvient plus à lui proposer un contexte qui lui permette d’être en communication, il ne peut plus poser le cadre de l’accordage proximal.

Et comment (re)trouver la communication avec un bébé ou un enfant ?

 

Pour retrouver la communication avec le bébé et par là-même le soigner, il faut lui permette de se retrouver globalement pour qu’il renforce lui-même son unification.

On pourrait imaginer qu’il faut faire un travail de pensée, comprendre le dysfonctionnement et en donnant un sens à la partie  chaotique qui n’est plus intégrée à l’ensemble, retrouver l’unité. Or le sens qui permet de réintégrer cette partie n’existe que dans le système du bébé et ce système est unique.

L’adulte qui réfléchit de loin, reste dans son système et ne peut pas trouver du sens pour le bébé.

Il faut avant tout être en contact globalement pour accéder à la vérité du bébé.

Etre en contact est l’état d’être présent à l’autre ou d’être avec l’autre. Cela n’amène pas de comparaison vous êtes branché sur la vérité du bébé dans la réalité. L’amour est ce qui approche au mieux de cet état. Quel amour ? C’est l’amour fondamental que l’on a pour l’humanité. C’est un amour universel qui sorti de tout contexte rejoint le spécifique de chaque être. Cet amour se départit au mieux des fantasmes et de l’imaginaire. Cet amour comprend l’altérité et admet l’entière liberté de l’autre. Si le bébé n’est pas considéré dans sa liberté, il ne peut pas prendre l’initiative d’être à nouveau avec vous. Cet amour universel est aussi valable pour l’adulte et renforce chez lui son intégrité.

L’important est de puiser en soi, une énergie vitale pour nourrir un centre. L’adulte qui veut retrouver un bébé doit être dans un bien être  pour que le bébé avec le peu qui lui reste d’ouverture retrouve un contact. Ce niveau est universel. Il parvient toujours à créer du contact. Plus vous êtes centré au niveau essentiel, plus vous réveillez chez le bébé le même niveau. Ce mouvement installe plus clairement deux individualités dans l’altérité.  Plus vous favorisez l’expressivité du système de l’autre avec sa part pathologique.

Dans une telle communication, l’altérité s’impose d’elle-même par la force de se sentir vous-même. L’évidence de l’altérité entraine que le morbide du bébé est reçu dans son système à lui et non pas à travers votre système à vous. Ceci est fondamental. La communication est à deux niveaux, l’un où vous êtes en continu en présence de l’autre dans l’altérité et l’autre en réception de connaissances sur l’autre. Cette connaissance est accessible à votre pensée.

Si l’accordage proximal est bon, vous permettez au bébé d’accéder à nouveau à ses processus vitaux structurés, organisés qui sont sensés. Il trouve lui-même à nouveau un sens à sa globalité. Ce sens, alors que les deux individus sont en relation, peut être approprié immédiatement par celui qui est concerné. C’est toujours le bébé qui se soigne lui-même.

Parfois la pensée consciente ne sera même pas nécessaire car la communication et la vie psychique aura reprise sans même qu’une pensée ne se formule.

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Dans ce type de communication, il faut découvrir que si on lâche une volonté de comprendre par une maitrise de la pensée, un sens beaucoup plus juste émerge et construit la relation et le plus intime de chacun des individus. Et éventuellement ce type de communication nourrie une pensée consciente. C’est  ce sens fondamental au cœur de l’humain et de la relation qui est à l’origine de la parole.

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le corps dans la rencontre

L’autisme est le paradigme du dysfonctionnement de la communication. La communication est altérée depuis le début de l’embryogenèse où l’information ne circule pas normalement. Cette altération  empêche la construction de la personnalité. Chez le bébé, la relation est première avant l’existence d’un sentiment d’exister.

Désirer rencontrer est aussi essentiel que désirer exister. Comment parvenir à rencontrer un enfant autiste ou un enfant qui a des troubles de la communication où rien ne favorise l’échange ?

Alors qu’habituellement, la communication s’installe naturellement, il faut là volontairement modifier notre disposition à communiquer. L’attention doit être portée uniquement sur une transformation corporelle. Avant la pensée, le corps est le moteur de cette rencontre. La parole se modifie mais elle n’est que le résultat d’une présence corporelle adaptée aux enfants qui ont une incapacité à communiquer.

Pour cela il faut travailler à deux niveaux :

  • la communication avec soi-même
  • la communication avec l’autre

Elles sont complètement liées.

La communication  avec soi-même doit être stable et centrée.  il faut favoriser une bonne circulation de l’énergie par exemple en amplifiant la respirationIl faut se dégager de toutes pensées personnelles. La pensée doit être centrée sur la relation et sur l’enfant. 

il faut que la communication avec l’autre sollicite sa globalité, en étant vigilent à un certain usage de la perception. Il faut être sensible aux mouvements et aux contrastes. La vue doit être dans un grand angle (plisser les yeux), il faut recevoir particulièrement, le timbre de la voix, les sons proximaux, les mouvements et les rythmes, il faut être relié aux sensations.

En même temps, l’adulte peut manier  une consigne, dans ce cas sont sollicités aussi une audition et une vue précise. L’adulte est attentif à la rigueur de l’échange adapté à la réalité.

Il faut chercher à sentir l’enfant par tous les modes perceptif plus que de le comprendre. Ce n’est que lorsque ce pont est posé entre l’adulte et l’enfant, que l’adulte peut avoir une intention et dire quelque chose. Ce type de relation est appelé un accordage proximal.

Cette nouvelle aptitude à communiquer fait vivre la possibilité chez l’enfant de se construire. Tout moment de communication devient alors un temps de construction de son être.

Les enfants qui ne peuvent pas communiquer, ont un corps qui n’est pas installé tranquillement dans une bonne vibration. Les tissus ne sont pas tous unifiés dans une même fluidité et homogénéité. Pour rencontrer l’autre, il faut avant tout être stable, se trouver demande de s’arrêter. Mais la vie exige toujours un mouvement, ici les mouvements sont à un niveau microscopique, l’enfant autiste ne peut pas se stabiliser pour être rencontré car il  n’a pas de mouvements microscopiques unifiant.

Pour favoriser la rencontre, il faut entraîner l’enfant à réussir à se poser en présence de l’autre.

Le corps de l’adulte doit être détendu pour favoriser une circulation de l’énergie. L’important est d’être présent et centré sur son corps dans un bon alignement qui favorise la fluidité. Il faut pour cela avoir des points d’appui, debout les deux pieds bien ancrés dans le sol, assis une sensation des fessiers et des pieds au sol. Si un son émis énerve ou crispe, il faut au contraire maintenir une détente dans le corps au lieu de se durcir.

Pourquoi l’enfant autiste est parfois violent ?

La communication s’organise autour de deux modes, celui de la rencontre et celui de la compréhension. Le mode de la rencontre est défaillant chez l’enfant autiste et parfois inexistant. L’existence d’un être humain n’est possible qu’en relation avec l’autre. L’enfant autiste avec ses moyens tente de remplacer le mode défaillant de la rencontre par d’autres stratégies. Parfois, la seule réalisable pour lui est la violence. Il n’a pas les moyens physiologiques d’être posé tranquillement pour se laisser toucher par l’autre et être en communication. Son corps ne peut pas s’installer dans une vibration qui habituellement nous met en phase avec l’autre pour communiquer. Pour lui, la seule manière de sentir l’autre est de provoquer un contact souvent violent. Le corps de l’enfant autiste n’est pas fluide, souple et homogène, son expressivité est piégée dans une tension corporelle. Pour sentir sur son corps l’autre, une certaine violence doit être atteinte dans l’échange. Mais bien sûr ce type de rencontre de deux corps tendus n’est qu’éphémère et ne laisse aucune trace constructive. Il faut au contraire ne pas répondre à cette tension et renforcer la détente pour entrainer l’enfant autiste à lâcher cette violence en lui.

Se rencontrer par le contact du regard

Lorsque l’enfant autiste est en train de sortir de son enfermement et qu’il gagne petit à petit un contact du regard, il faut apprendre aux adultes qui s’occupent de lui et à lui-même à débuter toute rencontre, après être bien posé dans son corps,  par le contact du regard. Avoir la sensation de se rencontrer dans la communication se vit par le contact du regard et par la captation de la voix sur le corps. Ainsi l’enfant autiste faisant l’expérience de ce mode par le contact du regard, ne ressent pas le besoin de toucher d’une autre manière, comme auparavant par la main ou par la violence.

Le contact du regard a la subtilité d’un toucher à distance qui est moins persécuteur qu’un toucher direct par la peau. L’enfant qui commence à parler, apprend en ayant établi le contact du regard. La distance nécessaire à la parole communicante est définie par le contact du regard.

Il est inutile de demander à un enfant qui n’a pas encore un bon contact de regard de regarder son interlocuteur. Il faut lui demander de baisser la voix pour que son corps devienne plus tranquille et posé. Ainsi centré sur lui, il a un meilleur contact de regard.

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Hypothèses des origines de l’autisme

Toutes les pathologies de troubles graves de la personnalité sont aussi des troubles graves de la communication. Ils prennent naissance in utero, tel l’autisme. Le caractère même d’une incapacité de communication signifie que la pathologie s’est construite chez l’embryon en rapport avec son environnement. La circulation de l’information chez l’embryon est portée par des signaux acoustiques et électromagnétiques qui  dépendent des gènes et du milieu physiologique. Dans un cas pathologique, les signaux chez l’embryon ne sont pas aptes à communiquer de l’information pour permettre un développement normal.

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SPIRÉ-IS : Modélisation de la Communication infraverbale et verbale

SPIRÉ-IS[1] est une modélisation de la communication, dans ses deux composantes verbale et infraverbale. Considérant la communication à l’origine de la constitution de l’être, SPIRÉ-IS est un modèle ontologique, dont l’objectif est d’améliorer la prise en charge des enfants qui ont des pathologies graves de la personnalité (autisme, psychose et dysharmonie). La transmission de cette clinique est confrontée à une double difficulté liée à l’étude de l’infraverbal. L’une technique, car l’invisible et l’inaudible sont difficiles à détecter et à mesurer. L’autre vient de l’utilisation de la pensée comme outil d’étude puisque l’infraverbal se situe en deçà de la représentation. SPIRÉ-IS propose une approche par les sciences physiques en considérant la personne comme un système d’information, organisée par des signaux électromagnétiques et acoustiques. Cette démarche, qui peut paraître théorique, est nourrie par des hypothèses qui s’appuient sur la clinique des troubles de la communication et l’analyse statistique de la communication de bébés avec leur mère.

SPIRÉ-IS en conceptualisant la vie in utero et ses prolongements après la naissance, s’efforce de modéliser les fonctionnements chez la personne en deçà de la pensée, au travers de la communication infraverbale.

SPIRÉ-IS fait en particulier l’hypothèse d’une conjonction entre le cellulaire et l’être, ce qui constitue un prolongement entre l’articulation vie psychique et vie physiologique. Ce lien place SPIRÉ-IS dans une modélisation épigénétique, où le génome n’est pas le moteur déterministe du développement, mais où la morphologie et l’environnement sont, au même titre, des acteurs de l’évolution. Grâce à l’analyse des signaux qui se propagent dans la personne et à l’extérieur de celle-ci, SPIRÉ-IS n’intègre pas seulement des contraintes épigénétiques du milieu proche, mais veut aussi tenir compte d’influences liées au fonctionnement global de la personne.


[1] Le nom est construit à partir du verbe latin, aspiro, qui signifie : avoir un souffle favorable, favoriser. Faire un effort vers, aspirer à. Inspirer. Puis y est ajouté une modification poétique. 

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La communication, dont il s’agit ici, assure la circulation de l’information non seulement vers l’extérieur de la personne mais aussi à l’intérieur. Ce réseau d’information est constitué de signaux électromagnétiques et acoustiques qui se propagent depuis la cellule à l’ensemble de la personne puis dans l’espace de communication. La communication étudiée comme une composante de la personne, met en lumière une meilleure compréhension de l’infra verbal et de ses propriétés.

L’ambition du modèle est de représenter une continuité de développement dans le temps, depuis l’embryogenèse jusqu’à l’émergence de la parole. De même, les fonctionnements sont présentés dans une globalité de l’espace, formé de la personne et de sa communication.

Pour comprendre l’infraverbal qui se forme in utero, la modélisation de la propagation des signaux tient compte de l’espace très particulier qu’est le ventre maternel et du devenir  de ces signaux après la naissance en association avec ceux qui se propagent dans l’air. Le traitement des signaux dépend du milieu de propagation. In utéro, les signaux sont traités en gravitation relationnelle par analogie avec la relativité générale ; après la naissance ils sont traités dans l’espace euclidien selon un repère orthonormé et immobile.

Les signaux sont classés en quatre niveaux de traitement de l’information :

  • Traitement de niveau un : il crée l’intelligence organisatrice centrale et donne le sentiment d’exister et la capacité de communiquer. Les signaux sont identiques dans l’espace et dans le temps.
  • Traitement de niveau deux : il concerne les organes et les fonctions corporelles, il opère surtout avant la naissance.
  • Traitement niveau trois : il est destiné essentiellement aux signaux de la langue, il structure l’évolution juste après la naissance.
  • Traitement niveau quatre : il s’applique aux signaux visibles et audibles et il est proche de celui de la pensée.

En même temps que le bébé construit sa communication infraverbale qui n’est rien d’autre que le réseau des signaux, il met en place quatre sous-systèmes d’information : le corps, le système perceptif, le code émotionnel et la langue. Lorsque ces quatre sous-systèmes de signaux structurels, arrivent à maturité, l’enfant accède à la parole.

Cette évolution, qui a lieu in utéro et après la naissance jusqu’à l’émergence de la parole, s’organise essentiellement durant la communication du bébé avec l’adulte. Elle est appelée accordage proximal. La tétée est un bon exemple pour comprendre comment le bébé se construit durant cette période juste après la naissance.

Après ce temps fort de transformation où le bébé se structure, les processus d’intégration d’informations prennent de l’importance et donnent des fonctions qui permettent à l’enfant de se représenter lui-même et le monde qui l’entoure.

La communication, par sa double composante, infraverbal et verbal, est capable en même temps de rejoindre l’autre en belle intelligence tout en transmettant une subtilité émotive unique. L’information qu’elle gère, est à la fois d’une normalité partageable et d’une spécificité inatteignable.  Elle a aussi la fonction fondamentale d’organiser la personne dans son évolution au cours de la vie, en maintenant une cohérence qui définit son identité.

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résumé des resultats et des applications

La synthèse des résultats présentée ci-dessous concerne des bébés, venus tous les mois de 3 mois à 9 mois. Ils sont installés dans un transat en face de leur mère pendant environ 10 mn.

Evolution du bébé sans trouble entre 3 mois et 9 mois selon sa perception proximale et distale.

Entre 3 mois et 9 mois, le bébé s’approprie son corps de plus en plus activement et de manière variée.


Entre 3 mois et 9 mois, la quantité de mouvements échangés par le bébé et sa mère en mode proximal est constante. L’enveloppe qui s’est organisée dans les tous premiers moments de la vie, n’évolue plus.

L’enveloppe proximale s’enrichit à partir de 4 mois de manière significative de rythmes distaux. A partir de cet âge, le bébé semble apte à une bonne transmission des macromouvements, ce qui signifie une bonne comodalité de l’audition et de la vue en distal. Ce critère qui évolue de manière significative entre 3 mois et 9 mois, est pertinent pour suivre l’évolution du bébé.

Etude de la communication distale entre le bébé et sa mère (macromouvements)

Ce mode perceptif est celui utilisé dans le décodage du “système voix-visage”. Si on facilite chez un bébé une perception comodale distale selon la vue et l’audition, comme avec une chanson « Fontfont », le bébé améliore sa production de rythmes. Ceci montre le lien direct entre la perception distale et comodale de l’audition et de la vue et la production du rythme. Ce mode perceptif est celui utilisé dans le décodage du “système voix-visage”.

En interaction avec sa mère, le bébé produit de nombreux rythmes avec les pieds entre 4 mois et 7 mois pour ensuite abandonner un peu cette activité. Il produit moins de rythme avec les mains dans cette période centrale par contre il maintient une activité importante ensuite. Il semble que les vocalises évoluent régulièrement vers une activité croissante, évolution qui correspond à la place centrale de la voix dans la communication. Contrairement à l’activité des pieds, l’activité des mains et des vocalises augmente pour se préparer à parler ensemble.

Effets de l’hospitalisation précoce sur la mise en place du système perceptif

Les bébés qui ont subi une maladie aigüe avec une hospitalisation précoce montrent un retard global dans les processus d’appropriation du corps bien qu’ils rattrapent légèrement ce retard.

On remarque que les mères initient à 92% (au lieu de 80%) la communication proximale et pourtant la quantité de contacts en proximal reste plus faible que les bébés sans trouble. Il est remarquable de constater qu’elles ne parviennent pas à faire évoluer cette communication. Ceci suggère que la mère et le bébé n’ont pas un accordage optimum. Cette idée est confortée par le fait que la base de l’accordage est l’enveloppe proximale. Ceci signe sans doute un traumatisme provoqué par l’événement soudain de l’hospitalisation précoce. Ce traumatisme diminue la capacité d’accordage proximal de la mère et freine le développement de l’enveloppe proximale du bébé.

On remarque une très bonne valeur de transmission rythmique distale après 7 mois, valeur supérieure à celle des bébés normaux.

Ce résultat est d’autant plus étonnant que dans les mois précédents le bébé développe moins la communication distale que les bébés normaux. Cette situation peut être comprise de la manière suivante.

Ces bébés qui ont subi une hospitalisation, ont été obligés d’intégrer des macromouvements distaux avec les soignants avant les bébés normaux. Cette communication ne devient efficace qu’à partir de 7 mois parce qu’elle est sans doute dépendante du système de l’enveloppe proximale. Il semblerait que le bébé ne peut utiliser le système de décodage par les rythmes distaux qu’à condition que le système complexe de l’enveloppe proximale ait atteint un certain niveau de développement. Ce n’est que quand l’enveloppe proximale est à maturité (après 7 mois) que la communication distale est meilleure que chez le bébé sans trouble.

Ce résultat montre comment un traumatisme comme une maladie aigüe accompagnée d’une hospitalisation précoce, peut entraver une bonne évolution de l’enveloppe proximale et de l’accordage. Malgré cela, la perception comodale en distal de la vue et de l’audition peut se mettre en place. Mais l’usage de ce système de décodage en distal n’est possible qu’à un certain niveau de maturité de l’enveloppe proximale.

Développement spécifique du système perceptif chez les bébés prématurés

La cohorte des bébés prématurés se distinguent par le fait que la quantité de mouvements dans l’interaction proximale augmente en entrainant avec elle une augmentation importante des processus d’appropriation du corps du bébé et de la transmission du rythme distal. Il est fondamental de remarquer que toutes les valeurs augmentent en même temps et dépassent les valeurs des bébés sans trouble. Cette évolution parallèle n’existe pas chez les bébés sans trouble. Ceci exprime une dépendance de l’enveloppe rythmée du bébé prématuré avec l’enveloppe rythmée de la mère qui a pour effet de dépasser les valeurs des bébés sans trouble. Cela signifierait que le bébé prématuré pour poursuivre le travail de comodalité a besoin de faire résonner fortement son enveloppe rythmée avec celle de la mère. Ceci fait penser à la situation in utero où en permanence le bébé baigne dans le rythme de la mère. Cette situation serait due à la défaillance de la comodalité de l’audition et du toucher in utero, arrêtée par la prématurité.

Les valeurs importantes montrent la présence d’un accordage très dense pour réparer ce que la prématurité a entravé. Cette dépendance du bébé au niveau de l’enveloppe rythmée peut compliquer les processus de séparation.

Il est remarquable de constater que le bébé prématuré sait entrainer la mère dans un accordage dense (qui fait penser à une situation in utero) qui lui permet de rattraper le retard avec de bonnes performances.

Bébés épileptiques avec syndrome de West (3 mois à 9 mois)

Pour les bébés épileptiques avec syndrome de West, les processus d’appropriation et d’unification du corps et les processus de communication proximale et distale ne montrent pas d’évolution significative en fonction de l’âge. Bien que les valeurs de l’appropriation du corps, de la communication proximale et distale soient du même ordre de grandeur ou plus élevé que ceux d’un bébé sans trouble, l’observation clinique montre que les mouvements du bébé sont répétitifs et simples. Cette absence de variété dans les mouvements explique l’absence d’évolution. Ceci correspond à une fermeture chez le bébé. De plus, il y a un retard par rapport aux autres cohortes pour la communication distale. Les mères initient beaucoup les mouvements de communications (90%) et cela n’a pas d’effet puisque l’enveloppe rythmée du bébé ne peut s’harmoniser avec celle de la mère. Pour ces bébés épileptiques avec syndrome de West, on ne constate pas d’évolution des critères de la mise en place du système perceptif.

APPLICATIONS DU MODELE DU SYSTEME PERCEPTIF

· L’organisation des 5 sens avec un niveau proximal et un distal ouvre des pistes de recherche sur le système perceptif.

· La perception proximale et l’enveloppe proximale sont des accès pour penser la capacité d’être dans une relation.

· La modélisation de la mise en place du système perceptif apporte une compréhension de la construction du bébé et de sa communication.

· Penser la globalité du système perceptif permet un meilleur développement des compensations pour les bébés sourds et les bébés aveugles.

· Le modèle appliqué à diverses pathologies chez le bébé, permet de mieux comprendre les impacts de ces pathologies sur la qualité de la construction du bébé et de sa communication.

· Ce modèle ouvre un champ de prospection particulièrement fécond au sujet de l’autisme tant sur des hypothèses génétiques que sur le renouvellement clinique.

· Pour tous les enfants qui ont des troubles graves du langage, ce modèle rend plus efficace les prises en charge quelle que soit la spécificité.

Conclusion de l’étude

Les résultats statistiques dans le cadre du modèle de la mise en place du système perceptif ouvrent de nouvelles pistes sur la construction du bébé et sa communication. L’étude approfondie du rythme éclaire finement sur la communication du bébé au niveau de ses mains, ses pieds et sa vocalise. Sans doute l’observation du rythme chez un bébé entre 3 mois et 9 mois peut être un indicateur d’une bonne évolution.

Ce travail montre la pertinence de conceptualiser le système perceptif en deux sous-systèmes, le proximal et le distal, pour mieux penser la communication perceptive. Par cette étude de nouveaux concepts ont été établis, nous retenons tout particulièrement :

• Le rôle des perceptions proximale et distale et leurs interactions.

• Le rôle organisateur des rythmes dans la communication distale.

• Dans l’accordage, l’importance de l’harmonisation des deux enveloppes rythmées au niveau proximal pour permettre une communication au niveau distal.

Les résultats de cette étude sont très précieux pour développer une meilleure prévention auprès des bébés qui sont confrontés aux situations suivantes :

• La prématurité.

• L’hospitalisation précoce à la suite d’une maladie aigüe.

• L’atteinte neurologique comme le syndrome de West.

• La communication des bébés dont la mère a un handicap visuel.

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Communication avec un bébé sourd et un bébé aveugle

Cette page peut intéresser les parents qui viennent d’apprendre un handicap auditif ou visuel chez leur bébé.

Pour mieux comprendre, il est conseillé de lire l’ensemble de cette page qui aborde un handicap visuel et un handicap auditif.

Réflexion sur la communication avec un bébé sourd ou qui a une déficience auditive

Psychologue clinicienne, je rencontre Louis dans un service hospitalier, âgé de 4 mois, il crée avec moi une très belle interaction, et pourtant j’apprendrai plus tard à ma grande surprise que Louis est sourd.

Pendant notre échange, j’observe que contrairement aux bébés du même âge, il est capable de créer des mouvements de lèvres qui sont bien en accord avec notre langue. Son contact de regard est bon et étonnamment il a déjà un regard  bien rythmé. Si je chante une chanson accompagnée d’un mouvement de mains, il crée un mouvement de la tête rarement observé chez des bébés du même âge. Louis a développé une expressivité particulièrement visible. On peut avancer une explication simple de cette situation en disant que Louis capte visuellement les mouvements du visage de son interlocuteur et les réalise pour compenser sa défaillance auditive. Ceci est vrai mais pas tout à fait juste.

Avant même d’exercer une captation visuelle, tous les mouvements de la peau du visage sont structurés par la langue. Dès le début de l’embryogenèse, les tissus sont modelés par la langue dans le corps de la mère. Même si l’ouïe est déficiente, l’ensemble du corps a des mouvements organisés par la langue. Il est important pour les parents d’un jeune bébé sourd, de bien saisir la portée de ce fonctionnement. Le bébé a une audition déficiente mais tout le corps est apte à recevoir les sons de la langue. La capacité du bébé à réaliser des expressivités vient de ce modelage des tissus par la langue in utero.

Au début de la vie le bébé organise son système perceptif proximal qui comme son nom l’indique lui permet de percevoir ce qui l’entoure dans une certaine proximité. Ce système perceptif a la particularité de fonctionner avec les cinq sens ensembles. Grâce à cette caractéristique des compensations sont possibles.

Dans un deuxième temps, le bébé développe sa perception distale qui alors ne concerne que la vue et l’audition. L’audition et la vue existent donc au  niveau proximal et au niveau distal.

Pour compenser, Louis maintient une perception importante au niveau proximal ainsi il reçoit sur l’ensemble du corps les sons et capte visuellement de manière intense les expressivités du visage. Ceci ne peut se vivre que si la relation avec son interlocuteur est basée sur l’accordage proximal. L’accordage proximal est la relation que l’adulte a naturellement avec un bébé. Le corps est détendu, la voix est riche en son proximaux – sons faits habituellement avec un bébé – et le contact du regard avec le bébé est bon. Pour favoriser l’accordage proximal, il est important dans un premier temps d’avoir le bébé sur l’adulte mais ensuite installer le bébé en assise autonome pour que le bébé s’exerce à utiliser le système perceptif proximal sans être sur le corps des autres. On peut aussi adosser le bébé au corps de l’adulte avec un regard porté vers l’extérieur, cette position est aussi très bonne pour l’ensemble de la vibration du corps du bébé.

L’annonce du handicap provoque des questionnements et des angoisses qui troublent les interactions précoces. L’information véhiculée  durant les interactions précoces,  circule essentiellement au niveau infraverbal. Physiologiquement, cela correspond à des signaux électromagnétiques et des signaux acoustiques. Un parent qui s’adresse à son bébé, doit exposer une cohérence corporelle et verbale. Si un parent est troublé, le message affiché est incohérent et entrave une bonne construction psychique du bébé.  Il est donc conseillé de consulter un psychologue pour être accompagné durant les premiers mois.

Jusqu’à 5 mois, le bébé développe essentiellement son système perceptif proximal sans que la perception distale soit complètement absente, donc il est conseillé d’avoir des interactions les plus naturelles possibles sans faire intervenir des outils ou des moyens qui viendraient troubler la spontanéité.

Le père de Louis est aussi sourd, il communique  habituellement avec le langage des signes, jusqu’à ma rencontre il s’interdisait de bouger les mains lorsqu’il s’adressait à son fils. Sur mon conseil, en s’adressant à Louis avec le langage des signes, une nouvelle communication est née, le père a rencontré son fils. Cette communication présente deux avantages : le père a retrouvé son mode d’expression où il est complètement présent avec son affect dans ce qu’il dit. Louis perçoit sur le corps de son père un système qui facilite la compensation de la surdité. La mère de Louis utilise la parole pour communiquer. Un mois plus tard, Louis est métamorphosé en présence de son père. Le corps bouge bien dans l’interaction, le visage est très expressif et la tête est mobile. Les vocalises viennent de manière plus appropriées.

Pour communiquer avec un bébé sourd ou qui a une défaillance auditive, il faut un bon accordage proximal : corps détendu, voix riches en sons proximaux, bon contact du regard. A partir de 4-5 mois il faut augmenter le temps de communication – en comparaison d’un bébé sans défaillance en se mettant en face à face pour stimuler la perception distale. L’interaction doit être simple et habituelle. L’adulte doit avoir une bonne expressivité du visage. Avant le langage des signes, l’adulte peut prendre l’habitude de rythmer de temps en temps sa parole par des gestes des mains.  Il est préférable de ne pas porter de lunette. En plus des parents, il est favorable que le bébé communique avec d’autres adultes.

Les remarques faites au sujet du bébé sourd sont aussi valables pour la rééducation des enfants sourds plus âgés. Le langage  des signes est l’exemple le plus démonstratif du rapprochement du proximal et du distal.

Réflexion sur la communication avec un bébé aveugle ou qui a une déficience visuelle

Au début de la vie, c’est la vue périphérique qui s’exerce puis la vue centrale s’organise vers 4-5 mois. Le contact du regard se construit avec la vue périphérique. Elle s’exerce avec l’ensemble des autres modes pour constituer le système perceptif proximal. La vue périphérique qui participe à s’organiser dans la proximité de l’environnement est compensée par l’audition proximale en alliance avec le goût, l’odorat et le toucher.

Si un bébé souffre d’une déficience visuelle et que le contact du regard ne s’établit pas, il compense en utilisant son système perceptif proximal où l’audition proximale construit essentiellement la communication. Comme pour le bébé qui a une déficience auditive, il doit maintenir un accordage proximal pour favoriser cette captation de la voix sur l’ensemble du corps.

Il faut donc stimuler plus souvent et plus tôt le bébé qui a des déficiences visuelles en créant des styles de communications variés et avec des personnes différentes. La variation des personnalités facilite le développement de la perception distale. La variation des styles signifie qu’il faut proposer aux bébés des sons avec des sons proximaux et des sons distaux. Les sons distaux sont les sons de la langue avec des variations importantes de hauteurs et de forces. Les sons proximaux sont les sons que l’on fait spontanément en s’adressant à un bébé. Les chansons sont aussi les bienvenues et de toute façon le support de la voix au début de la vie est meilleur que des instruments de musique.

Pour communiquer avec un bébé aveugle ou qui a une déficience visuelle, il faut être en accordage proximal pour favoriser l’exercice du système perceptif proximal avec une bonne réception de la voix sur l’ensemble du corps. L’interaction doit être simple et habituelle. L’adulte doit avoir une bonne expressivité de voix et elle peut parfois être augmentée en variation. A partir de 4-5 mois, il faut augmenter les temps de communication en stimulant l’audition distale en comparaison d’un bébé sans défaillance. En plus des parents, il est favorable que le bébé communique avec d’autres adultes.

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